Une première innovation technique essentielle est apparue vers 1780: la pile à cylindres remplace peu à peu la pile à maillets. En 1799, Louis-Nicolas Robert met au point les principes de la machine à "faire le papier d'une très grande étendue". Ce prototype est "exporté" en Angleterre, repris et amélioré, les mécaniciens construisent alors des machines qui fonctionnent et produisent industriellement du papier. En 1807, 13 machines existent en Angleterre.
1829: une douzaine de machines importées d'Angleterre
Pour obtenir une production de papier parfaitement satisfaisante, vers 1830, des améliorations techniques sont apportées:
- - le collage dans la pâte simplifie le processus;
- - l'épurateur installé en tête de machine permet de filtrer la pâte;
- - pour sécher le papier, des cylindres creux en fonte sont chauffés à la vapeur.
Ces différents progrès techniques permettent aux papiers "mécaniques" de concurrencer les papiers fabriqués à la forme et à la production industrielle du papier de se développer. Il faut également remarquer que cette dynamique inventive n'est pas isolée, elle s'inscrit dans une évolution générale des techniques favorisant la fabrication de mécanismes en fonte et non plus en bois. Les machines mises au point sont beaucoup plus solides, fiables et complexes. Par ailleurs, il y a lieu d'ajouter que l'essor de l'imprimerie (publications d'ouvrages et développement de la presse) est un facteur économique qui contribue au développement de la papeterie ainsi qu'à l'augmentation du prix du papier.
L'ascension des Frères Lacroix
Ainsi, Antoine Lacroix, associé à ses fils Jean, Justin, Auguste, Eugène et à Pierre Gaury, négociant, adapte les anciens moulins de Saint-Cybard à Angoulême pour y installer une machine construite par des mécaniciens anglais. La machine est mise en route en 1835 et comme le fait remarquer Auguste Lacroix: "Il n'est pas un fabricant de papier français ou étranger qui alors ou depuis n'ait fait le voyage d'Angoulême pour voir cette machine..." Entre 1836 et 1844, 19 machines à papier sont ainsi installées dans les moulins reconstruits pour l'industrie. La Charente devient le département français qui compte le plus de machines.
Denis Peaucelle